Critique | The Plague de Charlie Polinger, 2025 | Un Certain Regard
The Plague n’est qu’un petit film de plus dans l’épidémie qui sévit depuis 10 ans. Cette fois-ci, la toile de fond sera un camp d’entraînement de water-polo. Bien sûr, comme dans tous les films de son espèce, jamais il ne sera question de water-polo, et jamais ne s’incarnera le sujet – le harcèlement – dont il est question dans la piscine, tout juste deux scènes, l’une d’entraînement, l’autre de match. Dès l’ouverture, le constat est clair. Charlie Polinger préfère créer des images plutôt qu’explorer les possibilités que lui offre l’espace qu’elle croit investir – celui du complexe aquatique. Il en va ainsi des seuls plans sous-marins qui captent les jambes des jeunes sportifs, sur lesquels vient se greffer une musique lourde et menaçante dont la syncope rappelle celle à l’œuvre dans les bandes-annonces. Il en va aussi des vestiaires et des douches, lieu d’habitude au centre du jeu par le jeu avec le corps et les regards, réduit ici à un simple théâtre où on se coupe les doigts – ça fait une bonne image ça ! La cantine n’aura droit qu’à deux scènes et le love interest du héros ne sera qu’un joli sourire de quelques secondes. Tout juste les dortoirs donnent un peu de cette sensation que le lieu vit d’autre chose que des petites manœuvres esthétiques du cinéaste.
Comme dans tous les films de son espèce, la métaphore sert de prétexte à l’incarnation du sujet. C’est donc une peste que porte le paria du groupe qui fera office de miroir pour le harcèlement dont Charlie Polinger parle – les plaques sur son visage et son corps en attestent, disent tous les enfants. Pourtant ces dernières n’existent que lorsque la caméra veut faire l’image de quelqu’un qui se gratte, à grand renfort de musique, de sur-mixage, de grimaces, et la peau abîmée ne l’est que le temps de la scène : cut et ça n’existe plus. La maigre tentative du film réside dans un héros à cheval entre le harceleur et le harcelé, et le seul dialogue intéressant n’intervient qu’à quelques minutes d’un plan final sur le héros, qui danse moins pour symboliser sa libération – ce qui aurait déjà été nul – que pour créer une énième image que Charlie Polinger croit être du cinéma. Il suffit parfois d’énumérer les caractéristiques d’un film pour en saisir la moelle, et désosser un film n’est jamais bon signe.
The Plague de Charlie Polinger, prochainement au cinéma