La tête dans les Planètes

Critique | Planètes de Momoko Seto, 2025 | Semaine de la Critique

Planètes a tout du petit film d’animation. Petit par sa durée, petit par son esthétique Blender un peu bricolé, petit par son échelle narrative, 4 petits brins de pissenlit partent en voyage sur une planète inconnue. Bien sûr, la question de l’infiniment petit flirt avec l’infiniment grand – le film s’ouvre sur le cosmos qu’un fondu enchaîné fait se superposer à la boule d’un pissenlit -, et on se demande presque si Planètes ne se déroulerait pas sur une autre planète pour se donner une grandeur qu’il n’a effectivement pas. En chemin, les 4 compères, un gros du bulbe, un maigrelet à moitié chauve, et deux « normaux » qui seuls s’en sortiront car la sélection naturelle (?), traversent des environnements tous différents qui rappellent les 4 éléments, et rencontrent faune et flore locales, des fois menaçantes (une mare d’acide, des plantes vénéneuses), des fois accueillante (des limaces qui servent de monture, des feuilles qui se replient la nuit pour s’abriter), dans un enchaînement qui rappelle beaucoup Le Monde de Nemo

Le film est fait d’un mélange entre 3D, qui sert à incarner les pissenlits et faire exister les décors, et prise de vue réelle, qui permet aux grenouilles et aux mille-pattes, filmés très proches en macro, de retrouver l’étrangeté qui est la leur. L’inexactitude de l’incrustation est moins le premier écueil du film que celle d’un mixage sonore un peu simpliste. Par exemple, les pissenlits n’auront droit qu’à un seul bruitage, une seule manière de s’auto-congratuler après avoir survécu à une épreuve, qui sonne presque comme un jingle de réussite de quête. Le voyage est donc hybride et convainc le plus lorsque les végétaux poussent en accéléré et lorsque des petits animaux interviennent, plutôt que lorsque les pistils de pissenlits sont transportés par le vent sur un fond de synthèse sans relief. Il aurait peut-être fallu le courage d’un De Humanis et filmés ces petits invertébrés dans un vivarium sur fond vert, en incrustant uniquement les 4 pissenlits sur la vraie vie plutôt que l’inverse, pour que ce petit film tienne du grand.

Planètes de Momoko Seto, prochainement en salles