Critique | Festival de Cannes 2023 | Sélection Officielle (Compétition)
Quand un personnage se coupe dans une scène pour montrer qu’il est troublé, on sait devant quel genre de film on se trouve : de ceux qui n’ont pas vraiment d’idées. Et pour cause, ça pédale tellement dans la semoule que le titre est scandé à toutes les sauces par Banel, faute de meilleure idée pour appuyer son malheur d’être empêchée dans son amour avec Adama. Le film court ainsi pendant près d’1h30 après l’envie de nous faire ressentir ce que ressent son personnage principal : du malheur, de la tristesse, de la frustration. Pour cela, plutôt que de montrer les structures qui pèsent sur Banel, comme le faisait timidement son court-métrage, Ramata-Toulaye filme le soleil, les arbres et son héroïne qui chouine, à grands renforts de musiques et d’images évanescentes. Les morts qui peu à peu s’amoncellent ? Trois plans sur les tombes, jamais on ne les verra agoniser, jamais non plus on ne verra comment l’eau et la nourriture se partagent au village, mais une chose est sûre : pour être si loquace et agaçante, Banel boit à sa soif et mange à sa faim. On assiste donc dépité à ce qu’on n’espère pas être le maître étalon du cinéma sub-saharien en devenir.
Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy, sortie le 30 août 2023