La vie selon Ann

Critique | Festival de Cannes 2023 | Quinzaine des cinéastes

Devant ce premier long-métrage de la réalisatrice new-yorkaise Joanna Arnow, on ne peut s’empêcher de penser qu’on a à faire là à quelque chose de nouveau dans le paysage cinématographique – ou tout du moins de différent, ce qui est déjà pas mal. La suite de situations comiques présentée en plan-séquence fixe a parfois des réminiscences de Roy Andersson, mais leurs répétitions et leur apparente banalité nous en éloigne. Bien qu’un peu réticent face à cet humour noir sec et économe en moyen, on finit par se lâcher tout à fait lorsque l’héroïne, incarnée par la réalisatrice, se sert un plat préparé en appuyant bien sur le fond du sachet pour en faire sortir tout le contenu. La séquence dure et c’est savoureux.

Alternant BDSM et monde du travail sans but apparent, le film finit par trouver un fil rouge dans sa 3e partie, lorsque la femme rencontre un homme qui semble lui convenir. A partir de là, le jeu sur la longueur des titres du chapitrage a beau surprendre à chaque fois et faire rire, la trame devient quelque peu convenu, et le rire grinçant se tarit au profit d’une douceur comique qui tend à laisser plus dubitatif qu’attendri. On en vient à se demander si le tout était si nouveau que ça dans la mesure où des séries new-yorkaises sont déjà passés par ce créneau : Master of None, Girls… et on se dit qu’il ne manquait que les rires enregistrés pour faire de cette esthétique apparemment inédite une énième sitcom. Allez New-York, sors un peu de ta bulle ! Bon moment rigodrôle/10.

La vie selon Ann, de Joanna Arnow, sortie le 8 mai 2024