Critique | Anzu, Chat fantôme de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita | Quinzaine
Nous sommes dans les dernières tourmentes du Festival de Cannes, les séances s’enchaînent et cela fait quand même presque une semaine que nous voyons entre 4 et 5 films par jour. Heureusement, la Quinzaine des Cinéastes a la gentillesse de nous proposer un sas de décompression qui a pour nom Anzu, chat fantôme, un film d’animation franco-japonais, fait rare au Festival de Cannes qui mérite d’être souligné.
À travers le personnage principal Karine, nous voilà confié à un étrange chat immortel, qui fut recueilli il y a trente ans par un moine. Si l’on est tenté au premier abord de voir en l’univers d’Anzu un double de celui de Totoro, le film choisit plutôt la direction de Toriyama et ses mangas à l’humour bas du front (on pense à Dr. SLUMP par exemple), ou la narration en scénettes de Mes Voisins les Yamada (2001) de Takahata. Anzu est un chat fantôme, très jovial, pas très futé, aux idées un peu folles (il fait fuir des cormorans à l’aide de feux d’artifices), souvent dépensier et paresseux. Enfin, il fait des blagues dignes des villageois d’Animal Crossing (le déjà culte « Tu n’aimes pas les seiches ? Ça me sèche… Miaou ! »). Le film tient sa force (tranquille) dans ce compagnon atta(cha)nt qui vit sa vie, composée de petites aventures avec ses amis : on pourrait énumérer les tâches accomplies par Anzu comme on le ferait dans une collection de livres pour enfants. Le film devient presque en cela un film de ballade, où tout va pour le mieux dans le plus paisible des mondes.
Anzu, chat fantôme n’invente ni la pluie ni le beau temps avec son scénario : c’est une sorte de fin fil rouge cousu de fil blanc sur la parentalité et l’acceptation du deuil vécu par Karine. Mais c’est par le mélange d’animation 2D pour les paysages et de rotoscopie 3D pour les personnages que se crée une hybridation réussie, exacerbant le caractère « cartoon » des situations et expressions, et avec des cadres larges permettant souvent une contemplation plaisante sur cette campagne japonaise. Le film a quand même un grand mérite, celui de donner un avant goût de l’été, des vacances et des journées remplies de sessions de pêches et de bains entre amis. Cela ne peut pas faire de mal, donc autant en profiter. Miaou !
Anzu, chat-fantôme de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, au cinéma mi-août 2024