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Critique | Animale d’Emma Benestan | Semaine de la critique

Animale semble tout droit sorti d’un algorithme Netflix tant il aligne des mots clés qui ne se nourrissent jamais les uns des autres : la Camargue et les compétitions taurines, le rape & revenge, le western – son imagerie -, le body-horror. C’est-à-dire que pour monter un plan de financement, un peu de cinéma de genre – encore -, du féminisme – bien sûr – et une pincée de régionalisme font l’affaire. Banco ! Seulement trois ans après son premier long-métrage, Emma Benestan est de retour avec une très belle pizza à l’ananas. On aurait presque envie de copier/coller l’entrée correspondante de notre lexique du cinéma contemporain (Tsounami 12) à côté de celle sur le cinéma de genre chic et choc tant Animale s’avère être une énième addition au catalogue de ses grands cousins de la France magnet cordon bleu Grave, Teddy, etc. Quelques années de retard donc…

L’incursion du fantastique dans un cinéma qui n’était pas prédestiné à l’accueillir est bien la preuve que Benestan n’arrive plus à faire confiance au réel. Après le court-métrage très réussi Belle gueule et son très bien nommé premier long-métrage Fragile – tous deux déjà avec Oulaya Amamra -, la cinéaste semble ne plus savoir quoi faire des acteurs non-professionnels qui entourent sa comédienne favorite. A la possibilité de capter ce qui pourrait être leur quotidien, leurs doutes et leurs peurs, elle leur impose le déroulé d’une histoire qui ne permet jamais de les voir comme ils sont. Elle leur retire toute possibilité de se déployer dans l’espace dont elle prétend rendre compte la singularité. De la même manière, faire du fantastique avec des taureaux, c’est ne pas croire dans la puissance intrinsèque du taureau. Pourquoi ne pas juste les filmer ? Parce que selon elle, le simple animal ne possède pas de pouvoir de sidération. Loin d’une Andrea Arnold, qui croit dans le pouvoir de la vache et uniquement la vache, Cow, qui croit dans le pouvoir du fantastique sans métaphore, sans vengeance, sans fioritures, Bird, Emma Benestan peine, avec son scénario dont elle ne veut pas se détacher.

Maintenant, quoi dire qui n’a pas déjà été dit sur cette typologie de film ? Tout à fait identifiée et avec la volonté d’être identifiable, la case qu’occupe Animale n’offre aucune nouveauté. Pas grand-chose. Les séquences dans l’arène avec le taureau tombent à l’eau à coup de cut puisqu’on n’est pas là pour faire un documentaire et qu’on ne va quand même pas donner le rôle principal à un amateur – pas assez vendeur, trop risqué ; le montage rend la dramaturgie répétitive, avec la nuit un bout de transformation et un meurtre, le jour des dialogues qui permettent de baliser le récit et la construction des personnages – par exemple la scène entre le patron de la manade et Oulaya. Finalement, Animale pêche surtout par manque d’idées et prouve que ce ne sont pas des images de la Camargue aux aurores avec une femme sur un cheval qui font le début d’un bon film. 

Animale de Emma Benestan, prochainement au cinéma.