Critique | The Hyperboreans de Cristóbal León et Joaquín Cociña | Quinzaine
Pendant que les gros films envahissent les esprits dans les salles du Palais, la Quinzaine des Cinéastes accueille des expérimentations dignes d’un centre d’art contemporain. À dire vrai, ce premier long-métrage n’en est pas loin tant sa ligne narrative se délite en chemin : le Chili, des nazis, un certain Miguel Serrano, des films dans les films et des histoires dans l’histoire, qui rappellent par endroit le romantisme de leurs voisins argentins d’El Pampero Cine. L’édifice tient grâce à une étonnante direction artistique, faite de décors en cartons, en papier mâché, de masques occultes et d’un plateau de cinéma qu’une unique actrice occupe, se transformant au fil des séquences, parfois humaine, parfois animée, parfois les deux.
Les cinéastes Cristóbal León et Joaquín Cociña, visiblement à l’origine de la séquence animée de Beau is Afraid, n’ont pas peur de radicaliser leur approche, quitte à perdre et à tomber dans la gratuité du dispositif. Bien que la durée totale du film ne soit que d’une petite heure, le tout a le temps de lasser plutôt que d’émerveiller, submergés que nous sommes par les stimuli de matières, et loin d’un Eraserhead par son manque d’onirisme et d’attention au design sonore, trop souvent littéral. Bien sûr l’intention n’est pas tellement nébuleuse, il est question d’interroger l’héritage nazi au Chili, ou quelque chose de cet ordre, mais on se demande finalement ce que fait une œuvre pareille dans une salle de cinéma. On s’imagine bien mieux dans une salle de musée, attrapant 5 minutes au passage : on aurait rigolé un bon coup et on serait passé à autre chose.
The Hyperboreans, de Cristóbal León et Joaquín Cociña, prochainement au cinéma