Pourquoi aller à Cannes ?

Édito | Festival de Cannes Jour 1

La 77e édition du Festival de Cannes commencera enfin ce soir, le mardi 14 mai 2024. Chaque année, c’est la même rengaine : dire que cette année on la prendra à la cool, puis se retrouver à guetter chaque annonce, faire le jeu des pronostics de la sélection puis de la Palme… On y retourne gaiement. Mais pourquoi donc ? Parce que les films. Parmi nos dix films préférés de l’année 2023, quatre étaient sélectionnés en Compétition, un à la Quinzaine, un à la Semaine, et Atlantic Bar, sélectionné à l’ACID, figurait dans plusieurs tops individuels. Cannes peut-il se résumer à six ou sept excellents films ? Non, loin de là.

Car on se rend à Cannes comme on va au cirque : on veut rire, avoir peur, être choqué, drogué, amoureux, enragé, bref se sentir vivant et avoir rentabilisé son aller-retour en train. Le Festival s’accompagne surtout de quelques mauvaises habitudes. Un an après la rumeur d’une coupure de l’électricité par la CGT, de nouvelles menaces gauchistes planent sur la Croisette, à commencer par celle d’une grève d’un collectif de professionnel·les précaires du cinéma, en passant par la circulation d’une liste de personnalités visées par des plaintes pour agression (sexuelle sans aucun doute) à paraître.

Deux fronts que nous soutenons toute l’année donc, mais qui ont beaucoup de chances de se retourner contre les personnes à leur initiative. Le Festival a annoncé être prêt à discuter avec le collectif et être conseillé par une société qui a voulu rester anonyme, pour gérer au cas par cas les films potentiellement touchés par un scandale sexuel. C’est donc dans la panique que seront réglés des conflits que l’on sait structurels, et dont on connaît à qui profite l’urgence de la situation. Notez également le nom de tous les médias qui sautent sur l’occasion pour relayer ces tourbillons médiatiques, et vérifiez bien le nom des journalistes qui féliciteront la grève et iront au piquet le lendemain si une séance venait à être annulée… n’est pas Cannes 68 qui veut.

L’équipe de Tsounami souhaite un joyeux Festival de Cannes à toutes et à tous, que l’on espère rempli de films importants, de ceux qui changent les vies et les perspectives. Il est de coutume de dire que la ville se transforme en une bulle dans laquelle rien d’autre que le cinéma n’existe durant une dizaine de jours : il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Alors n’oubliez pas votre conscience politique dans le train, cela ne pèse pas lourd. De notre côté, nous reviendrons quotidiennement vous donner des nouvelles du Festival, à travers des textes critiques et des éditos, pour médiatiser l’ensemble de la manifestation, des films au Palais. Petite nouveauté : nous proposerons un reel chaque jour sur Instagram, pour vous parler d’un « gros film » présenté la veille. Il y a deux ans, nous nous étions fait refuser l’accréditation presse car notre couverture du Festival sur Twitch n’était pas considérée comme relevant du travail journalistique. Peut-être que cette proposition le sera ? Et au pire, nous reviendrons l’an prochain sur TikTok !