Critique | Festival de Cannes 2023 | Semaine de la critique
Et ça continue à la Semaine… Cette fois-ci, c’est l’un des anciens assistants de Bong Joon-ho qui s’y met. Question préliminaire : aurait-il été présent s’il avait été l’ancien assistant de Pierre Martin ? Vu le film, pas sûr. Trois parties ressortent assez nettement. La première aurait pu être la plus intéressante. Le couple fait face au somnambulisme handicapant et tendancieusement meurtrier du mari en épuisant une surenchère de solutions parfois rigolotes, comme celle du duvet. Problème scénaristique : on ne peut s’empêcher de se dire « mais pourquoi utilisent-ils un cadenas seulement maintenant ? ». La seconde est sans aucun doute la plus laborieuse et tente d’expliquer peu à peu ce qui va être le retournement final du film dans la troisième partie : l’homme est guéri mais la femme est convaincue qu’il est possédé et tente de l’exorciser. Dans un ultime geste amoureux – un beau geste de cinéma – le mari, acteur un peu raté, joue la comédie pour satisfaire la folie de sa femme. A ce stade-là, on aurait pu rire de bon cœur et trouver ça génial si le reste du film ne nous avait pas épuisé avec des effets de mise en scène artificiels et surannés. Et puis aussi s’il ne se contentait maladroitement de
1. faire un mélange des genres. Comédie+horreur=film-génial semble être la nouvelle équation à la mode
2. produire une texture d’image lisse, numérique, parfaite, tellement lisse qu’on se demande à quoi peut encore bien servir le maquillage sur les plateaux de tournage
3. être éclairé juste comme il faut, avec du bleu par-ci, du orange par-là, et pouf, ça fait un film. Il n’y a qu’un seul chef opérateur disponible en Corée ?
c’est-à-dire, en faisant la somme des 3 points, de singer un cinéma coréen prêt-à-diffuser sur les plateformes numériques.
Sleep de Jason Yu, sortie le 21 février 2024