Critique | Festival de Cannes 2023 | Semaine de la critique
Ce genre de film de genre… Pas trop mon genre. C’est que le film est trop pris dans des références qui lui sont supérieures par bien des aspects, au premier rang desquels Grave et Carrie au bal du diable. Le premier a l’avantage d’être arrivé en premier dans le paysage horrifique – premier film de genre chic et choc –, le second celui d’être un très bon film. Cela limite donc les possibilités pour Tiger Stripes de tirer son épingle du jeu. Le tableau est simple. Une jeune élève malaisienne doit faire face à une concomitance entre :
1. l’arrivée de ses règles et les bouleversements qui en découlent dans ses relations sociales avec ses camarades
2. une transformation graduelle en humanoïde tigré, ou en tigre humanoïde, c’est selon.
On comprend donc vite le programme, et pas grand-chose ne viendra perturber l’enchaînement narratif suivant, à savoir : scène à l’école avec ses deux camarades, l’une véhémente, l’autre compatissante ; scène de transformation ; scène à la maison avec sa maman pas contente ; scène nocturne avec des yeux roses – s’ils étaient rouges, on verrait trop qu’elle copie sur ses voisins. Tout ça donc pourquoi ? Faire hurler ses actrices. Le déchaînement que promet la musique techno du début n’arrive jamais et on se retrouve à attendre, attendre, attendre autre chose que des cris… reste une vidéo TikTok, qui, seule bonne et belle idée du film, emprunte finalement sa puissance émancipatrice à About Kim Sohee, sélectionnée l’année dernière à… La Semaine de la Critique. Il s’agirait de cuisiner plutôt que de réchauffer les plats de la veille au micro-onde.
Tiger Stripes, d’Amanda Nell Eu, sortie le 13 mars 2024